Irish Songs de Beethoven, par le Ricercar Consort – Sortie le 15 octobre 2021

On ne se rend pas toujours bien compte de la révolution que Beethoven a fait subir aux accompagnements de chansons populaires. Avant lui, les musiciens se contentaient d’utiliser des harmonies assez élémentaires ainsi que des accords et une figuration simples. Si la chanson était introduite par un prélude ou se concluait par un postlude, ces deux sections étaient de conception conventionnelle, consistant généralement en une ou deux phrases de quatre mesures avec une citation de la mélodie initiale de la chanson. Les préludes et postludes de Beethoven sont, quant à eux, de styles et de longueurs extrêmement variables, allant de deux mesures seulement dans le prélude de « Since greybeards inform us » à vingt-trois mesures dans le postlude conclusif de « The pulse of an Irishman ». De plus, au lieu de présenter un air tout simple en guise d’introduction, il emprunte le plus souvent un motif court mais important de la mélodie pour le développer dans le prélude comme il le ferait dans une symphonie (sa Cinquième Symphonie est l’exemple le plus remarquable de ce genre de développement reposant sur un motif simple). Dans le prélude de « The elfin fairies », par exemple, les quatre premières notes de la mélodie sont répétées à différentes hauteurs, avant d’être ramenées à deux notes seulement dont le balancement accompagnera le reste du prélude. Ces préludes sont ainsi comme des bourgeons prêts à s’épanouir en une mélodie complète à l’entrée de la voix.